Le calendrier
Le calendrier chrétien est issu du calendrier romain. Il s’agit d’un calendrier solaire, c’est-à-dire que l’année correspond approximativement à une révolution de la Terre autour du soleil. Depuis la réforme opérée par Jules César, qui laisse son nom au calendrier julien, les mois ne sont plus liés aux cycles de la lune, mais sont purement conventionnels. L’existence d’un jour intercalaire (le 29 février) au lieu d’un mois intercalaire fait que les saisons se produisent toujours au même moment de l’année.
Au xvie s., un changement dans la fréquence de ce jour intercalaire donne naissance au calendrier grégorien, qui doit son nom au pape Grégoire XIII (r. 1572-1585). Les pays catholiques ont rapidement adopté cette réforme du calendrier, mais le reste de la Chrétienté a d’abord rejeté ce calendrier « papiste ». Les pays protestants l’ont progressivement accepté au cours du xviiie s., mais la situation est plus complexe dans les pays orthodoxes. Au début des années 1920, tous les États ont adopté le calendrier grégorien, mais les Églises préfèrent rester fidèles à la tradition en conservant le calendrier julien. Depuis, les Églises grecque, roumaine et bulgare ont adopté le « calendrier julien révisé », qui fait tomber les fêtes fixes au même jour que le calendrier grégorien et les fêtes mobiles selon le calendrier julien.

Le cycle des fêtes
Deux grands cycles rythment le calendrier chrétien : le cycle de Pâques et le cycle de Noël. Certaines fêtes sont fixes, c’est-à-dire que leur date est toujours la même (Noël, Épiphanie, Assomption, Toussaint…), mais d’autres sont mobiles parce qu’elles doivent se produire le même jour de la semaine, ce qui en fait varier la date d’une année à l’autre (fêtes liées au cycle de Pâques : l’Ascension, la Pentecôte). L’essentiel des fêtes est liée à des épisodes de la vie de Jésus ; la montée de la dévotion mariale voit l’ajout de fêtes liées à la Vierge. Cette insistance sur le Christ, la Vierge et les saints célébrés chaque jour n’empêche pas des liens avec d’anciennes fêtes païennes : la christianisation passe aussi par l’appropriation et la réinterprétation.
L’année liturgique commence avec l’Avent — sauf dans les chrétientés orthodoxe et orientales, où elle commence au 1er septembre (début de l’année civile dans l’Empire byzntin). Le premier dimanche de l’Avent ouvre le cycle de Noël :

• l’Avent : 4 semaines (40 jours dans les Églises orthodoxe et orientales) de préparation à la venue du Christ ;
• Noël (25 décembre) : fête de la naissance de Jésus ;
• Épiphanie (6 janvier) : la manifestation du Seigneur ;
• Présentation au Temple (2 février) : Jésus est présenté au Temple comme tous les premiers-nés juifs.

La fête de l’Annonciation, qui commémore l’annonce faite à Marie de sa grossesse par l’ange Gabriel, découle de ce cycle : elle a lieu le 25 mars, soit 9 mois avant Noël.
Le cycle pascal est le cycle central de l’année liturgique. La fête de Pâques est précédée par un temps de jeûne et de pénitence :

• Mercredi des cendres : 1er jour du Carême ;
• Carême : 40 jours de jeûne ;
• Dimanche des Rameaux : entrée de Jésus à Jérusalem ; marque le début de la Semaine Sainte ;
• Jeudi Saint : commémore le dernier repas du Christ ;
• Vendredi Saint : commémore la Passion du Christ ;
• Pâques : la Résurrection du Christ ;
• Ascension : 40 jours après Pâques, le Christ ressuscité monte au Ciel après être apparu plusieurs fois à ses disciples ;
• Pentecôte : 50 jours après Pâques, les Apôtres reçoivent l’Esprit Saint.

Entre ces deux cycles se déroule le temps ordinaire. On y trouve nombre de fêtes importantes, parfois d’apparition tardive. Les fêtes célébrées varient d’une dénomination chrétienne à l’autre. Dans le monde orthodoxe, les fêtes autres que Pâques sont regroupées en deux ensembles : les grandes fêtes et les autres fêtes. Les douze grandes fêtes sont :

• Nativité de la Vierge (8 septembre) ;
• Élévation de la Croix (14 septembre) ; célébrée aussi par l’Église catholique et certaines Églises protestantes sous le terme « exaltation de la Croix » ;
• Entrée de la Vierge au Temple (21 novembre) ;
• Nativité (25 décembre) ;
• Théophanie (6 janvier) ; nom orthodoxe de l’Épiphanie ;
• Présentation de Jésus au Temple (2 février) ;
• Annonciation (25 mars) ;
• Entrée à Jérusalem : dimanche des Rameaux ;
• Ascension ;
• Pentecôte ;
• Transfiguration du Seigneur (6 août) : commémore un épisode du Nouveau Testament au cours duquel Jésus change momentanément d’apparence et laisse apercevoir sa nature divine à trois disciples : Jacques, Jean et Pierre ;
• Dormition de la Vierge (15 août) : commémore la mort de la Vierge et son élévation au Ciel.

Certaines fêtes sont spécifiquement catholiques :

• Fête-Dieu : 2e dimanche après la Pentecôte ; célébration de la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie ;
• Sacré-Cœur de Jésus : vendredi après la Fête-Dieu ;

D’autres fêtes se retrouvent dans les différentes dénominations chrétiennes :

• la Trinité : dimanche après la Pentecôte ; les Églises orthodoxe et orientales la fêtent le dimanche de Pentecôte ;
• Assomption / Dormition de la Vierge (15 août) : fin de la vie terrestre de Marie ; certaines Églises protestantes en font une fête mineure en l’honneur de la mère de Dieu ;
• Toussaint : 1er novembre ; célèbre l’ensemble des saints, connus et inconnus ; les Églises orthodoxe et orientales la placent au dimanche qui suit la Pentecôte ; malgré le rejet du culte des saints par la Réforme, l’Église anglicane et certaines Églises protestantes (notamment luthériennes) continuent de la fêter, car les saints représentent les vrais croyants, passés et à venir, ce qui a créé une certaine confusion avec la Fête des morts ;
• Fête des Morts (2 novembre) ; les Églises orthodoxe et orientales n’ont pas de date spécifique pour cette fête, mais prient particulièrement pour les défunts en plusieurs occasions.
• Christ Roi (dernier dimanche avant l’Avent) : bien qu’institué en 1925 par Pie XI (r. 1922-1939), plusieurs Églises protestantes ont aussi adopté cette fête qui clôt l’année liturgique en évoquant le retour du Christ à la fin des temps juste avant que ne commence le temps de l’attente qu’est l’Avent.

À ces fêtes solennelles vient s’ajouter, chaque jour, la célébration des saints du jour.

Le cycle de Noël

Le premier dimanche de l’Avent ouvre le cycle de Noël. L’Avent, du latin adventus (arrivée, avènement) est un temps d’attente, à la fois de la naissance de Jésus et de son retour en gloire à la fin des temps ; pour les orthodoxes, c’est aussi un temps de jeûne.
Noël, la fête de la Nativité, se déroule après le 4e dimanche de l’Avent, le 25 décembre. C’est une fête relativement tardive : elle a été introduite au IVe siècle. La date précise de la naissance de Jésus n’est pas indiquée par les Évangiles : l’Église a délibérément choisi de mettre cette fête au moment des célébrations païennes autour du solstice d’hiver, qui tombait le 25 décembre dans le calendrier romain. Les différents rites païens liés au solstice d’hiver, qu’ils soient romains, celtiques ou germaniques, font de ce moment où la nuit est la plus longue une célébration de la lumière qui s’apprête à revenir. Cela conforte l’analogie entre le soleil et le Christ. Les réjouissances de la fin de l’année se retrouvent dans les cadeaux faits aux enfants. Plusieurs figures de donateurs ont existé en parallèle : un des plus populaires est saint Nicolas, fêté le 6 décembre.
L’Épiphanie a été célébrée très tôt par les chrétiens. Comme son nom l’indique, elle célèbre la manifestation du Dieu incarné. À l’origine, elle regroupait plusieurs manifestations : la naissance, l’adoration des mages, le baptême de Jésus au Jourdain, voire les noces de Cana (le premier miracle de Jésus). De nos jours, cet aspect se retrouve dans la chrétienté arménienne, qui n’a pas de célébration spécifique pour la Nativité.
Malgré la séparation de la Nativité et de l’Épiphanie, cette dernière reste la fête de la manifestation de Dieu incarné, mais les références ne sont plus les mêmes. Les chrétientés catholique et protestantes lient cette fête à l’adoration des mages, mais les chrétienté orthodoxe et orientales commémorent le baptême de Jésus et sa reconnaissance comme fils de Dieu. Cette fête est très proche des Saturnales, fête romaine où la coutume voulait que l’on tire au sort, grâce à une fève, une personne qui devenait « roi d’un jour » : cette tradition donne naissance à la galette des rois.
La fin du cycle de Noël insiste aussi sur cette thématique de la lumière. Le 2 février (40 jours après Noël) a lieu la Présentation de Jésus au Temple. Comme tout premier-né juif, Jésus devait être présenté au Temple pour être dédié à Dieu. Il est alors reconnu par le vieillard Syméon comme la « lumière pour éclairer les nations » (Lc. 2, 22-40). Pour commémorer cette parole, l’Église organise de grandes processions avec des chandelles bénies pour l’occasion, d’où le nom de « chandeleur ». La thématique solaire se poursuit à travers les pratiques populaires et festives. Ainsi le plat traditionnellement associé à la Chandeleur : les crêpes, rondes et jaunes évoquent l’image du soleil.

Le cycle pascal

Le cycle pascal est le temps central de l’année liturgique. Il est centré sur Pâques, qui est la fête la plus importante du christianisme. Pâques est précédé par le Carême, qui est un temps de jeûne et de pénitence qui dure 40 jours. Dans les Églises catholique et protestantes, le Carême commence le Mercredi des Cendres, soit 46 jours, parce que les six dimanches de Carême ne sont pas des jours de jeûne. En revanche, les Églises orthodoxe et orientales n’observent pas le Mercredi des Cendres, mais commencent le Carême le lundi suivant (le Lundi Pur), pour un jeûne continu de 40 jours.
L’entrée en Carême est précédée de réjouissances : le carnaval. Ces festivités s’arrêtent au Mardi Gras (la veille du Mercredi des Cendres), dernier jour où il est possible de « faire gras », c’est-à-dire de consommer de la viande. Très tôt dans le christianisme, s’abstenir de consommer de la viande a été considéré comme un signe de pénitence.
Les 40 jours du Carême ne sont pas directement liés au récit de la Passion du Christ ou à la Pâque juive. Ils rappellent les 40 jours que Jésus passe au désert après son baptême, temps qui est lui-même un écho aux 40 années passées par les Hébreux dans le désert entre la sortie d’Égypte et leur arrivée à Canaan.
Le Carême s’arrête avec le dimanche des Rameaux, qui rappelle l’entrée de Jésus à Jérusalem, et qui marque le début de la Semaine Sainte. Elle s’achève par le triduum (en latin « trois jours ») pascal, qui dure du soir du Jeudi Saint au matin du Dimanche de Pâques. Pendant cette période, l’Église commémore le dernier repas du Christ et son arrestation (Jeudi Saint), la Passion (Crucifixion et mort) (Vendredi Saint) et la Résurrection (Dimanche de Pâques). Le Vendredi Saint peut être l’occasion d’un Chemin de Croix, qui rappelle les grandes étapes de la Crucifixion.
La fête de Pâques se situe non loin du début du printemps, ce qui explique l’existence de pratiques populaires liées à la reprise de la fertilité. L’œuf a très tôt été l’objet d’une réinterprétation chrétienne. Les traces les plus anciennes d’œufs décorés remontent à 60 000 ans av. J.-C.. Les premiers chrétiens ont lié ce symbole de fertilité à la résurrection de Jésus : l’œuf rappelait la tombe fermée du Christ, et l’oisillon qui perce la coquille symbolisait la vie sortant du tombeau. Peindre un œuf en rouge rappelait en outre le sang du Christ versé sur la Croix. Cette pratique a été renforcée avec l’instauration du jeûne du Carême : la consommation d’œufs est interdite (c’est toujours le cas dans les Églises orthodoxe et orientales), et la masse d’œufs non-consommés était décorée pendant la semaine sainte et offerte à Pâques. Cette coutume, qui existe toujours dans les pays orthodoxes, a évolué avec le temps et donné lieu à de nouvelles pratiques. À la fin du XIXe s., le joailler Peter Carl Fabergé fabriquait pour la cour impériale de Russie des œufs qui étaient des chefs-d’œuvre d’orfèvrerie. De manière plus ordinaire, l’œuf a été remplacé par des confiseries en forme d’œufs, de lapin ou de cloche.
Le lapin a été plus tardivement associé à Pâques. Dès l’Antiquité, cet animal prolifique a été considéré comme un symbole de fertilité, mais avec une dimension plus populaire et folklorique que l’œuf. C’est dans les pays de l’Allemagne luthérienne qu’apparaît le lapin (ou plutôt le lièvre) de Pâques. C’est une figure qui juge les enfants selon leur conduite et leur attribue, ou non, des cadeaux, et notamment des œufs. Au XVIIIe s., les immigrants luthériens introduisent le thème aux États-Unis.
Dans la chrétienté catholique, les croyances populaires associent Pâques au voyage des cloches à Rome. À l’issue du Jeudi Saint, les cloches ne devaient plus sonner jusqu’à Pâques en signe de deuil pour la mort du Christ. Au XIXe s., pour expliquer ce silence aux enfants, on leur expliquait que les cloches étaient parties à Rome pour être bénies par le pape. Elles revenaient pour Pâques avec des cadeaux, dont les œufs.
Le temps pascal se poursuit pendant 50 jours. 40 jours après Pâques (soit un jeudi) se déroule l’Ascension, qui marque l’élévation au Ciel du Christ après sa résurrection. 10 jours plus tard a lieu la Pentecôte, dont le nom signifie 50 jours (après Pâques). Les Douze Apôtres reçoivent l’Esprit Saint et commencent à prêcher. Cette fête est donc l’occasion de célébrer l’Esprit Saint (3e personne de la Trinité), mais elle marque aussi le début de l’évangélisation et la naissance de l’Église.