Au début du viie siècle, l'Arabie, vaste péninsule entre l'Afrique et l'Asie, n'a aucune unité linguistique : on y parle en dialectes arabes ou en langues sudarabiques. L'écriture est peu développée. Le monothéisme est représenté par le judaïsme et le christianisme. L'implantation du judaïsme est très ancienne mais mal connue. Des communautés chrétiennes vivent dans le Hedjâz et le long des itinéraires caravaniers en particulier au sud de l’Arabie, le long de la route de l’encens : dans la grande oasis de Nadjrân, dans l'Hadramaout et à Sana’a (Yémen).
La prédication de Muhammad est apparue au viie siècle en Arabie - « l’île des Arabes » - séparée de la Méditerranée par un désert et de l'Asie par un golfe et l'océan indien. La vie de Muhammad s'enracine dans le Hedjâz, barrière montagneuse de l'ouest de l'Arabie, et dans le milieu citadin et marchand de la cité de La Mecque alors dominée par la tribu sédentarisée de Quraysh. À la tête d'un fructueux pèlerinage, cette tribu est habile à nouer des alliances et à protéger les caravanes des razzias des Bédouins. Le grand commerce caravanier aux mains des Quraysh nécessite des capitaux et des pratiques habiles et les met en contact avec de grandes civilisations aux marges de l'Arabie.
Les tribus arabes nomades ou sédentaires de la péninsule vouent un culte aux divinités tutélaires parfois représentées par des bétyles, des arbres, des sources ou des statues. Le Coran (L’Étoile, 53, 19-20) mentionne la triade des "sublimes déesses » al-Lât (divinité associée au soleil), al-Uzzâ et Manât déesse dont le nom arabe évoque le destin ou la mort. Le Prophète aurait récité ces versets inspirés par Satan, d'où leur nom de « versets sataniques » mais, selon la tradition islamique ils auraient été abrogés. Une pureté rituelle était exigée pour s'adresser aux divinités. Les adorateurs leur offraient des ex-voto portant souvent le symbole de la main (droite).
Au contact des monothéismes juif et chrétien et du mazdéisme, religions qui instituent un nouveau rapport au sacré et se réfèrent à de prestigieux livres sacrés, le polythéisme arabe des grandes confédérations tribales évolue. Il est traversé par de nouvelles aspirations dont témoignent des inscriptions « monothéistes » invoquant un dieu unique et miséricordieux (Yémen) ; des prédicateurs - les hanîf - encouragent une réforme religieuse.
Les interventions des empires byzantin et sassanide en Arabie du sud ont entraîné au profit du Hedjâz le déclin des grandes routes caravanières passant par l'oasis de Nadjrân. La Mecque, ville natale de Muhammad et centre de sa première prédication, est devenue un centre commercial important sous l'autorité de la tribu de Quraysh qui assure aussi la protection de l'enclos sacré (haram) autour de la Ka'ba.
Muhammad, dont le nom arabe signifie "le Loué", est cité dans le Coran comme "envoyé de Dieu". Sa vie est connue par la Sîra, nom donné à la compilation la plus célèbre de ibn Hishâm (m. 834) qui a sélectionné, corrigé, et revu au ixe siècle des récits antérieurs, en particulier ceux de ibn Ishâq. Le terme sîra signifie « conduite , règle de vie». Les sources islamiques traditionnelles de la sîra ont tardives et apologétiques. La sîra n'est pas une biographie historique de la vie du Prophète. Elle se rattache à la littérature religieuse qui propose aux croyants la figure idéalisée d'un « Envoyé » prédestiné, le « beau modèle » à imiter. Les données historiques et littéraires anciennes et extérieures à l'islam sont rares. On cite souvent Théophane, moine byzantin. Dans sa Chronographie, histoire du monde d’Adam à son temps (vers 815), Théophane donne des détails qui seront transmis à la littérature chrétienne occidentale : le mariage du Prophète avec Khadîja, ses voyages en Palestine, la rencontre de Khadîja avec le moine Bahira qui la rassure sur la vision de l’ange Gabriel.
En rupture avec les croyances tribales, Muhammad prêche la religion d'un Dieu unique qui exclut tout autre croyance, un Dieu sans rival, un Dieu indivisible – « l'Être Un ». En islam, Dieu est désigné par Allâh, nom commun pour nommer la divinité dans les langues sémitiques. Ce nom est vraisemblablement d’origine araméenne. Avant l’islam les chrétiens du Proche-Orient invoquaient déjà Dieu sous ce nom. Dieu promet le salut à tous les hommes qui s'en remettront à lui. Comme un miracle, il se révèle et parle directement à Muhammad, le dernier des prophètes, « sceau de la prophétie ». La littérature islamique est riche en récits sur la première révélation de la mission prophétique sur laquelle le Coran ne donne aucune information. Quelle est la sourate la plus ancienne du Coran « descendue » sur Muhammad ? Quel a été le rôle de l'ange Gabriel dans l'annonce de la mission ? La Sunna a imposé sa version : la sourate 96 intitulée Iqra (ou seulement ses cinq premiers versets) serait la première révélation. Le récit-cadre de la grotte de Hirâ dans laquelle Muhammad aurait fait une retraite et aurait rencontré l'ange Gabriel, s'est inspiré d'un hadîth attribué à 'Âïsha, épouse du Prophète. Ce récit de composition est constitué d'éléments dispersés dans différentes corpus de traditions. Il est inspiré d'un passage de la Bible (Isaïe 40, 6) : « Une voix dit : "Proclame !", et je dis : "Que proclamerai-je" ? »
En 622 Muhammad retrouve à Yathrib à 400 km au nord de La Mecque les premiers musulmans émigrés, les Muhâdjirûn. L'expatriation de la première petite communauté des musulmans et de son chef a été négociée avec les tribus juives et les tribus arabes polythéistes des villages de l'oasis de Yathrib. Muhammad conclut un pacte avec quelques tribus. Ce document historique est connu sous le nom « constitution de Médine ». Le temps de l'émigration (de 622 à la mort de Muhammad en 632) est celui de la seconde prédication, des combats armés livrés contre les Mecquois et les tribus insoumises par les premiers compagnons et les Ansâr (auxiliaires médinois qui les ont rejoints). La 'oumma s'affirme. Très tôt, Yathrib devient al-Madîna (la Ville). La jeune communauté des « soumis » (sens du mot « musulman ») se donne de nouvelles règles de vie sociale plus égalitaires que les coutumes tribales, et s'unit dans le respect des mêmes obligations cultuelles (prière, jeûne, aumône …). Son premier lieu de culte et de prêche est la maison de Muhammad. Le calendrier lunaire est adopté : « Il [Dieu] a fait du soleil une clarté, et de la lune une lumière et il lui a fixé des phases pour que vous sachiez compter les années et calculer les dates » (10, 5). La direction de prière, d'abord vers Jérusalem se tourne vers La Mecque. Muhammad meurt à Médine et y est enterré. L'importance du temps de l'hégire médinois éclaire le choix des musulmans des générations suivantes qui feront de l'hégire le début de l'ère musulmane.