- Quelle expression remarquez-vous sur le visage de Sarah ?
- Comment l’expliquez-vous ?
- Quels sont les textes imprimés sur les côtés ?
- Qui les a écrits ?
- Dans quel pays et à quelle époque vivaient-ils ?
- Y a-t-il d’autres indices qui distingueraient Mendelssohn de Lessing ?
- À quel ouvrage a travaillé Ben Yehouda à partir de 1901 ? Qui a fini son travail ?
- Pourquoi la plupart des villes d’Israël ont-elles une rue Ben Yehouda ?
3. Grandes figures bibliques et historiques - Pistes pour l’enseignant
Les patriarches et matriarches
Le judaïsme accorde une place importante aux ancêtres du peuple juif, Abraham et Sarah, Isaac et Rébecca, Jacob Rachel et Léa. Chacun, chacune a son importance, transmet un message particulier et enrichit la palette des personnages humains de la Bible hébraïque.
Abraham et Sara
Tout d’abord nommés Avram (Père élevé) et Saraï (Ma princesse), ils sont à la source de la généalogie juive. L’hébreu appelle l’Histoire toldot (engendrement) pour mieux signifier que c’est l’apport des êtres humains, génération après génération, qui crée l’Histoire. C’est dire l’importance de la première génération, celle qui, en rupture avec sa propre histoire engendre un nouveau peuple. « Lekh leẖa » dit Dieu à Avram, ce qui peut se traduire par « Vas pour toi » ou « Va vers toi », et Il poursuit : « Quitte ta terre, le pays de ta naissance, le pays de ton père, et dirige-toi vers le pays que je te montrerai. » (Genèse 12, 1) C’est à cause de cette expérience que le patriarche sera le premier a être désigné comme un Ivri (Hébreu), de la racine qui signifie passer, aller au-delà.
Parmi les épreuves auxquelles sont soumis ce couple originel, il y a celle de la stérilité de Saraï, alors même que Dieu leur a promis une descendance. Dieu conclut une alliance avec Avram, renouvelle la promesse d’une descendance, dont les mâles devront être circoncis, et change de nom d’Avram en Avraham (Père d’une multitude) et de Saraï en Sarah (Princesse, Celle qui gouverne). Alors âgés respectivement de 100 ans et de 90 ans, cette promesse divine fait sourire Sara, ce qui explique le nom du fils qui naîtra de leur union : Yitsẖak (Il rira), nom qui exprime la confiance en un futur possible malgré les épreuves.
Isaac et Rébecca
Choisie pour son hospitalité envers le serviteur d’Abraham, Rivqa (Rébecca) décide de quitter sa famille pour devenir l’épouse d’Isaac. Le couple représente un amour conjugal exemplaire et la liturgie juive possède un hymne qui loue la justice et la vérité et reprend dans une forme d’un double acrostiche les noms de Yitsẖak et Rivqa.
Rébecca est plus clairvoyante que son époux. Elle use d’un stratagème afin que le plus jeune de ses jumeaux, Yaakov (Jacob, dont le nom signifie il talonnera), homme sensible, hérite de la bénédiction paternelle à la place de l’aîné, homme fruste, Essav (Ésaü). C’est ainsi que la loi naturelle est renversée au profit d’un progrès possible dans l’Histoire. Cet épisode illustre aussi la place des femmes dans le récit biblique : bien qu’elles soient souvent en arrière-plan, leur discernement et leur capacité à décider peut changer le cours des événements.
Jacob, Rachel et Léa
Jacob à son tour part prendre épouse et c’est dans la famille de son oncle maternel Laban qu’il rencontre et s’éprend de Raẖel (Rachel, ce qui signifie brebis). Il travaille sept années au service de Laban pour obtenir la main de Rachel, mais son oncle, qui ne possède l’éthique d’Abraham, le trompe en lui donnant sa fille aînée, Lea (Léa). Jacob reste alors sept années de plus au service de Laban pour épouser Rachel. Ses deux épouses et leurs deux servantes donneront naissance à douze fils et une fille. C’est Léa, l’épouse dédaignée, la moins plaisante aux yeux de Jacob, qui sera la plus féconde, Rachel demeurant stérile de longues années avant de donner naissance aux deux fils préférés de Jacob : Yossef (Joseph, ce qui signifie Dieu ajoutera) et plus tardivement, Binyamin (Benjamin, ce qui signifie fils de la droite).
Les enfants de Jacob, dont le nom deviendra Israël (Israël) après son combat avec un ange, sont à la source des Bne Israël (Enfants d’Israël ou Israélites), devenus plus tard les Juifs. La Bible relate les faits et gestes des différents personnages sans dissimuler leurs faiblesses, voire leurs violences. Ces êtres sont profondément humains, ils cheminent dans le monde tel qu’il est et tentent de rester fidèles à l’alliance que Dieu a conclu avec leur ancêtre. D’une certaine façon, la Bible hébraïque raconte la relation tumultueuse entre Dieu et le peuple qui a choisi de témoigner de Son existence.
Hillel et Chammaï
Hillel (70 av. J.-C. – 10 ap. J.-C.) et Chammaï (50 av. J.-C. – 30 ap. J.-C.) forment le dernier des cinq zougot (couples de Sages) qui ont transmis la loi orale au 1er siècle avant J.-C. Ils se sont opposés sur bien des points, Hillel ayant la réputation d’être plus souple que Chammaï dans son interprétation de la Torah et de décider ainsi de lois faisant preuve d’une moindre rigueur.
Hillel, appelé aussi Hillel l’Ancien, est né à Babylone, où il étudia avant de rejoindre Jérusalem. L’histoire raconte qu’alors qu’il était étudiant, n’ayant pas réussi à réunir la somme nécessaire pour assister à un cours, il fut retrouvé presque mort de froid sous un manteau de neige sur le toit de l’école d’où il écoutait la leçon à travers une lucarne. Sa méthode herméneutique constituée de sept règles d’interprétation de la Torah fit autorité et il devint Nassi (Président) du Sanhedrin (Sanhédrin ou Haute Cour de justice).
Il n’hésita pas à critiquer l’opulence dans laquelle vivait le roi Hérode et fut toujours proche du peuple. Il estimait que l’enseignement de la Torah ne devait pas être réservé à une élite, qu’il fallait étudier sans autre raison que de s’améliorer dans la connaissance et agir « pour l’amour du ciel ». Ses méthodes d’enseignement très vivantes étaient influencées par la pensée grecque socratique et aristotélicienne et il s’attachait à être patient et pratique, quitte à s’appuyer sur des exemples personnels. Hillel se montrait indulgent et accordait une grande importance à l’exemple donné par la conduite personnelle.
Chammaï, probablement né en terre d’Israël, devait être maçon ou architecte. Il devint vice-président du Sanhédrin alors que Hillel en était le président. Plus idéaliste et détaché des réalités du monde, il cherchait une voie stricte dans l’application des prescriptions rituelles. On le dit peu loquace (« Que tes paroles soient peu nombreuses et tes actes nombreux »), irascible et inquiet des dangers d’assimilation à l’hellénisme et au monde romain que courrait le peuple juif à cette époque.
Une anecdote célèbre illustre la différence de comportement entre ces deux Sages : Un étranger se présente un jour devant Chammaï et lui demande : « Enseigne-moi toute la Torah pendant que je me tiens sur un pied ». Chammaï le repousse avec la règle d'architecte qu'il tient dans ses mains. L’étranger se rend alors auprès de Hillel pour lui faire la même requête. Hillel l’accueille et lui dit : « Ce qui est haïssable à tes yeux, ne le fais pas à ton prochain, voici toute la Torah et le reste n'est que commentaire de ce passage. Va et étudie ! » (Talmud, traité Shabbat 31a)
La différence de réaction peut s’expliquer ainsi : Bien qu’ayant dit : « Accueille toute personne avec douceur », Chammaï, tient entre ses mains la règle d’architecte qui symbolise la rectitude, car il pense que la Torah ne peut être comprise et appliquée que si l’on s’y engage totalement. Pour Hillel, il s’agit d’un long apprentissage à construire pas à pas. Il ne choisit pas le verset de la Torah « Aime ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19, 18), mais propose une voie moins ardue en énonçant la même exigence d’une manière moins idéalisée, plus proche du vécu.
Le Talmud consigne les nombreux échanges de points de vue entre Beth Hillel (l’école de Hillel) et Beth Chammaï (l’école de Chammaï). Au moment de dire quelle sera la décision à suivre, il est écrit : « Les unes comme les autres sont les paroles du Dieu vivant, mais la règle sera conforme à l’opinion de l’école de Hillel. » Il arrive moins fréquemment que la Halakha (législation rabbinique) suive l’avis de Chammaï. Pourtant, les deux avis sont considérés comme des « paroles du Dieu vivant » car la tradition juive dit que l’ensemble du peuple juif, toutes générations confondues, a reçu ces paroles au pied du mont Sinaï et que toute la Torah, écrite et orale, leur a été transmise à ce moment-là.
Rachi de Troyes (1040-1105)
[Voir module Judaïsme I, section 3]
Né et ayant vécu la majeure partie de sa vie à Troyes, en Champagne, Rabbi Chlomo ben Yitsẖak, ha-Tsarfati (Salomon fils d’Isaac, le Français) est plus connu sous l’acronyme Rachi. Il étudia dans les grands centres d’étude juifs qu’étaient alors Mayence, Worms et Metz, puis retourna à Troyes où il fut vigneron et exerça la fonction de dayyane (juge rabbinique).
Rachi est célèbre pour l’immensité de son œuvre de commentaires de la Torah et du Talmud. Le premier livre imprimé en hébreu, en 1475 à Reggio (Italie), fut son commentaire du Pentateuque. Rachi s’est attaché à donner du sens au pchat, le sens obvie de la Torah, grâce à un style simple, clair et concis, qui s’appuie sur des explications qui font référence à des situations familières. C’est ainsi que Rachi fait des comparaisons avec les tâches quotidiennes des paysans ou des artisans ou translittère en hébreu les mots de vieux français qui peuvent apporter un éclairage plus significatif à ses contemporains, en introduisant par la formule : « C’est ce que dans votre langue vous appelez… ». On remarque alors combien la population juive était intégrée à son environnement culturel.
Rachi s’est également beaucoup intéressé à la grammaire hébraïque pour comprendre le sens du texte. Bien que préoccupé principalement par le pchat, il arrive à Rachi de faire usage du drach (interprétation homilétique) pour illustrer une loi ou une conception éthique. En dehors du monde juif, le moine Nicolas de Lyre (1270-1340) lisait Rachi et le citait dans ses propres commentaires. Luther et d’autres traducteurs de la Réforme ont également beaucoup emprunté à Rachi.
Rachi s’est également consacré au commentaire du Talmud, avec une méthode emprunte de logique, afin de mieux guider les étudiants grâce à des explications les plus claires et étendues possibles. Rachi se pose rarement en théologien et n’hésite pas à écrire sur tel ou tel aspect ardu : « Je ne sais pas. »
Rachi a eu trois filles, qu’il a instruites, ce qui n’était pas courant au Moyen Âge. Ses gendres et petits-fils ont poursuivi son travail et sont connus sous le nom de Tossafistes (de l’hébreu tossaf, additif, ajout).
La fin de la vie de Rachi fut marquée par les massacres des Juifs de la vallée du Rhin lors de la première croisade de 1095. Il fut affecté par ces événements, ce qui se ressent dans ses commentaires de certains psaumes. Il travailla à son œuvre jusqu’à la fin de sa vie, certains de ses commentaires du Talmud étant achevés par son petit-fils Samuel ben Méïr.
Les éditions du Talmud ont intégré les travaux de Rachi et ceux edes Tossafistes, les premiers sont imprimés dans la colonne intérieure de la page, les seconds dans la colonne extérieure. L’ensemble de cette œuvre constitue encore aujourd’hui un repère incontournable pour les étudiants des yèchivoth (écoles talmudiques). Ils témoignent de la vivacité et de l’influence du judaïsme de la France du 11ème au XIVe siècle.
Quelques citations de Rachi :
- « Les maîtres apprennent des discussions des élèves. »
- « Ne blâme pas un compagnon de façon à lui faire honte en public. »
- « Obéir par amour est mieux que d’obéir sous l’effet de la peur. »
- « Celui qui étudie les lois et ne comprend pas leur sens ou ne peut pas expliquer leurs contradictions n’est qu’un panier plein de livres. »
En souvenir et hommage à ce grand penseur du judaïsme, l’Institut Universitaire Européen Rachi http://www.institut-rachi-troyes.fr/ a ouvert ses portes à Troyes en 1989. C’est un centre d’études et de recherches sémitiques et hébraïques, qui dispense des cours d’histoire, de pensée et de philosophie juive, ainsi que des cours d’arabe et d’hébreu.
Moses Mendelssohn (1729-1786)
Voir module Judaïsme I, section 4
Moses Mendelssohn, né à Dessau (Allemagne), connut une enfance pauvre auprès d’un père sofer (copiste). C’est sûrement à cause de ces conditions précaires qu’il contracta une maladie qui le fit souffrir et le rendit bossu très jeune. Il reçut une éducation juive traditionnelle auprès de son père et du rabbin David Fränkel, qu’il suivit lorsque celui-ci devint Grand Rabbin de Berlin en 1743. Tout en gagnant sa vie comme copiste et précepteur, Mendelssohn s’instruisit en mathématiques, philosophie, latin, grec, français, italien et anglais. En 1754, il s’engagea dans des activités commerciales et la même année, il fit la connaissance du dramaturge Lessing, auteur de « Nathan le sage », avec lequel il se lia d’une grande amitié. Il publièrent ensemble une satyre, « Pope, un métaphysicien ».
La réputation de Mendelssohn ne fit alors que grandir. Il publia des essais philosophiques et littéraires et obtint en 1763 le grand prix de l’Académie royale de Prusse pour sa « Dissertation sur l’évidence dans les sciences métaphysiques ». Il consacra les années suivantes à des activités littéraires tournées vers le judaïsme et eut à cœur d’améliorer la situation des Juifs autant qu’il le pouvait. Lui-même n’avait obtenu un permis de séjour temporaire à Berlin qu’en 1763 et passa plus tard de la sixième à la troisième classe de résidence pour un Juif, ce qui lui permit de résider définitivement à Berlin. Mendelssohn se maria en 1762 avec Fromet Gugenheim, avec laquelle il eut cinq enfants.
Mendelssohn fut aussi ouvert aux études juives qu’aux études profanes. Il traduisit la Torah, les Psaumes et le Cantique des cantiques en allemand, langue dont il fut un fervent défenseur face à l’hégémonie littéraire du français et du latin. Le style de Menselssohn fut d’ailleurs reconnu comme l’un des meilleurs de son temps. Il était tout autant attaché à la défense de l’hébreu et contribua à la publication de la revue haMeasser (le collecteur), organe des cercles de la Haskala (Mouvement juif des Lumières).
Mendelssohn demeura fidèle au judaïsme toute sa vie. Il composa des hymnes et des sermons, les communautés sollicitaient son aide et il œuvra à l’émancipation des Juifs, considérant que celle-ci devait être autant religieuse que civique. Pour cette raison, les tenants de l’orthodoxie voient en lui un jalon important vers l’assimilation qu’ils combattent, bien que Mendelssohn resta un Juif pratiquant jusqu’à sa mort. Sollicité pour se convertir au protestantisme, il refusa, mais n’entra pas non plus dans la polémique, afin de préserver la relative liberté dont bénéficiait les Juifs en Prusse, mais également parce qu’il lui tenait plus à cœur d’améliorer la situation de ses coreligionnaires que de combattre le christianisme. Afin de mieux faire connaître le judaïsme et de faire le lien avec la pensée philosophique de son époque, il publia « Jérusalem » en 1783, ainsi qu’un précis des lois et coutumes juives à l’intention des tribunaux prussiens. Il encouragea également son disciple David Friedlander dans le développement d’une réforme éducative, qui aboutit à l’ouverture en 1781 à Berlin d’une Jüdische Freischule (École juive libre), première d’une série d’établissements qui ouvrirent dans tout l’Empire austro-hongrois.
L’influence de la pensée de Mendelssohn est reconnue tant dans le domaine littéraire, avec une théorie psychologique qui justifie l’autonomie du jugement esthétique et ouvre la porte à des auteurs tels que Schiller ou Goethe, que dans le domaine des études juives où, influencé par les auteurs des Lumières, il met l’accent sur l’importance de la Raison pour accéder au savoir. Il montra ainsi la voie à ceux qui, au XIXe siècle, participèrent au courant appelé Wissenschaft des Judentums (Sciences du judaïsme), qui ouvrit le judaïsme aux sciences profanes : histoire, linguistique et littérature. Mais Menselssohn resta néanmoins prudent sur l’influence des Lumières lorsqu’il écrivit : « L'abus des Lumières affaiblit le sens moral, conduit à la dureté, l'égoïsme, l'irréligion et l'anarchie. L'abus de la culture engendre l'abondance, l'hypocrisie, l'amollissement, la superstition et l'esclavage. »
Moses Mendelssohn est considéré aujourd’hui encore comme celui qui montra aux Juifs comment rester eux-mêmes tout en sortant du ghetto. Il exprima son optimisme sur la destinée humaine et son souhait d’une meilleure compréhension entre Juifs et chrétiens lorsqu’il écrivit : « Dans quel monde de félicité vivrions-nous si tous les hommes adoptaient les vrais principes, ceux que les meilleurs des chrétiens et des Juifs ont en commun. »
Eliezer ben Yehouda (1858-1922)
Eliezer ben Yehouda, est né Eliezer Isaac Perelman Elianov dans une famille de Juifs hassidiques en 1858, à Loujki, ville de Biélorussie située alors dans l’Empire Russe. Il reçoit une éducation religieuse orthodoxe et acquiert une bonne connaissance de l’hébreu de la Bible et de la Michna. Après sa majorité religieuse, il part à 13 ans étudier dans une yeshiva de Polatsk (Biélorussie) et fait la rencontre d’un rabbin ouvert aux idées de la Haskala (Mouvement juif des Lumières). Le jeune Eliezer se détache alors de plus en plus des études religieuses et souhaite entrer dans un lycée russe pour entreprendre plus tard des études de médecine. Il rompt alors avec sa famille, part à Dünabourg (Lettonie) et ne reste proche de la culture juive que par son intérêt pour l’hébreu, langue dans laquelle les maskilim (partisans de la Haskala) ont déjà traduit des œuvres littéraires profanes.
L’insurrection des Bulgares face à la domination ottomane le convainc que le peuple juif doit bénéficier d’un État et d’une langue nationale, qui ne peut être que l’hébreu et non le yiddish, langue parlée par la majorité des Juifs d’Europe de l’Est, mais considéré comme attaché à l’exil. À l’âge de 20 ans, Eliezer Isaac Perelman Elianov prend le chemin de Paris pour y étudier la médecine. Il y publie plusieurs articles pour promouvoir à la fois le retour sur la terre des ancêtres et la pratique de la langue hébraïque, mais reçoit peu d’échos favorables. Cependant, il utilise l’hébreu dans ses conversations avec ses amis et c’est donc dans les cafés de Paris que la langue de la Bible est redevenue une langue d’usage courant ! C’est à cette époque qu’il opte pour le nom Ben Yèhouda, Fils de Juda, en référence au nom d’un des fils du patriarche Jacob, qui a donné son nom à la Judée, puis au peuple juif.
Le jeune étudiant, qui voyait dans la révolution socialiste la condition nécessaire à l’émancipation des Juifs, voit maintenant l’émancipation des Juifs comme une condition préalable à la libération du prolétariat, émancipation du peuple juif sur sa terre, dans sa langue, l’hébreu. Le séjour qu’il effectue en Afrique du Nord pour soigner sa tuberculose le met en contact avec les Juifs autochtones, qui ont conservé un certaine pratique de l’hébreu et ont une prononciation qu’il juge plus proche de l’hébreu biblique que celle des Juifs achkénazes. Il part s’établir à Jérusalem en 1881, après son mariage avec Déborah, qu’il connaissait depuis son séjour à Dünabourg.
Il découvre en Palestine ottomane une communauté juive souvent très pauvre. Bien que majoritaires à Jérusalem, les Juifs sont peu nombreux dans le reste du pays. Ben Yehouda cherche par tous les moyens à faire accepter l’idée d’une renaissance de l’hébreu corrélative à la renaissance nationale du peuple juif. Il trouve un écho favorable chez les H̱oveve Tsyon (Amants de Sion), mais l’idée est inacceptable pour les Juifs orthodoxes – l’hébreu est une langue sacrée réservée à l’usage religieux – et chez ceux qui préfèrerait développer l’usage des langues européennes prestigieuses, le français, l’anglais ou l’allemand. Il obtient néanmoins en 1882 l’autorisation de donner des cours en hébreu et la même année, naît son fils Ben Tsyon ben Yehouda (Fils de Sion, fils de Juda), premier enfant depuis des siècles à être élevé avec l’hébreu comme langue maternelle.
Parmi ses publications, citons :
- Erets Israël (Terre d’Israël), ouvrage de géographie (1885)
- haTsvi (le Cerf), journal fondé en 1888
- Hachkafa (Vision) hebdomadaire fondé en 1897
- Le rêve traversé, son autobiographie, publiée en 1918.
Ben Yehouda travailla à partir de 1901 à la publication d’un Dictionnaire de la langue hébraïque ancienne et moderne, dans lequel il dresse l’inventaire des ressources de la langue hébraïque et crée de nombreux néologismes afin d’adapter l’hébreu au monde contemporain. Pour cela, il utilisa les structures linguistiques propres à l’hébreu biblique et michnique (époque du Talmud), et parfois créa des calques à partir de l’arabe, autre langue sémitique. Le premier mot qu’il forgea est milone (dictionnaire), construit sur mila (mot), et s’il fait des emprunts à d’autres langues, il les moule dans les structures de la langue hébraïque. Les premiers volumes de son dictionnaire furent publiés en 1910 et achevés en 1959 par sa seconde épouse et son fils Ehoud.
Ben Yehouda mourut à Jérusalem en 1922, laissant un héritage unique, la renaissance d’une langue vivante. Le Va’ad haLachon (Comité de la langue) qu’il fonda en 1889, est devenu en 1953 l’Académie de la langue hébraïque http://hebrew-academy.huji.ac.il/English/BenYehuda/Pages/default.aspx.
Grâce à son impulsion, l’hébreu - devenue avec l’arabe langue officielle de l’État d’Israël - a investi tous les domaines culturels, scientifiques et économiques. Les écrivains et cinéastes israéliens – juifs, mais aussi arabes – créent en hébreu des œuvres traduites ou diffusées bien au-delà des frontières d’Israël. Les œuvres littéraires classiques et contemporaines sont largement traduites dans cette langue trimillénaire, dont les structures permettent facilement, à quiconque la maîtrise correctement, de lire la Bible en version originale et de maintenir ainsi le lien avec les origines.
Introduction aux religions - Judaïsme II: Thèmes
3. Grandes figures bibliques et historiques
Le judaïsme a été marqué par un certain nombre de figures. Les patriarches et matriarches sont les plus connus parce qu’ils ont été intégrés aux traditions chrétienne et musulmane. Par la suite, d’autres figures ont contribué à façonner le judaïsme pour lui donner ses caractéristiques contemporaines.
Jan Provoost, Abraham, Sarah et l’ange (1520)
La scène représente la deuxième annonce de la future naissance d’Isaac à Abraham et Sarah par un ange (Genèse 18, 9-15).
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(27/02/2015)
Page du Talmud
Au centre, sous le titre encadré, se trouve le texte de la Michna suivi de la Guemara, les deux formant le Talmud lui-même.
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(27/02/2015)
Mendelssohn et Lessing
On reconnaît le foyer juif de Mendelssohn à la lampe de Shabbat au-dessus de la table, qui contient suffisamment d’huile pour brûler plusieurs heures, et par la fontaine, qui permet de procéder à l’ablution des mains avant le repas.
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(27/02/2015)
Eliezer Ben Yehouda à son bureau
Eliezer ben Yehouda est le père de l’hébreu moderne. Pour lui, l’hébreu est la langue du peuple juif avant d’être une langue sacrée : en faire une langue vivante participe à la création d’une nation juive.
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(27/02/2015)