- À quelle occasion sonne-t-on du chofar dans la religion juive ?
- Pourquoi cette corne rappelle-t-elle la ligature d’Isaac ?
- Qu’est-ce qui nous indique que cette scène se passe pendant la fête de Souccot ?
- Que font les personnes attablées ?
- Quels éléments de décoration montrent que c’est la fête des récoltes ?
- Quel est le statut de la Ketouba ?
- Dans quel but était-elle écrite ? À quoi sert-elle principalement de nos jours ?
- Quels sont les éléments de cette peinture qui situent les personnages dans l’Allemagne du XIe siècle ?
- Quels sont les éléments de cette peinture qui indiquent que nous assistons à un mariage juif ?
4. Les principaux rites et pratiques - Pistes pour l’enseignant
Plusieurs cycles rythment la vie juive : cycle quotidien, cycle hebdomadaire, cycle annuel et cycle de la vie.
Le cycle quotidien :
- La journée juive commence à la tombée de la nuit pour se terminer à la tombée de la nuit du jour suivant, en référence aux versets qui concluent chacune des six journées de la Création (Genèse 1, 1-31) : « Ce fut un soir, ce fut un matin, jour un », « Ce fut un soir, ce fut un matin, jour deuxième », et ainsi de suite.
- Les trois prières quotidiennes sont : cha’harit (aube), minẖa (oblation, en référence aux sacrifices qui avaient lieu au Temple de Jérusalem) et ma’ariv (vespéral). Les prières peuvent être récitées chez soi, à la synagogue ou en n’importe quel lieu. Certaines prières requièrent un minyan, quorum de dix adultes, uniquement des hommes chez les orthodoxes, hommes et femmes chez les « conservatives » et libéraux. Les prières de minẖa et ma’ariv sont souvent couplées à la tombée de la nuit.
- Le cœur des offices est la récitation de la Amida (debout, car elle se récite debout, pieds joints, tourné vers Jérusalem), appelé aussi Chmone Esre (Dix-huit, car elle contenait à l’origine dix-huit bénédictions). Ces bénédictions recouvrent différents domaines comme : le souvenir des patriarches, le pouvoir de Dieu d’accorder la vie, la santé et la nourriture, la sainteté de Dieu, la paix, le souhait de préserver ses lèvres de la médisance et d’être préservé de l’offense.
- Le Shema (Écoute, car il commence par la formule « Shema Israël… », « Écoute Israël, YHWH est notre Dieu, YHWH est Un ») peut être considéré comme une profession de foi juive. La mezouza (boîtier fixé aux portes) et les boîtiers des tephilin (phylactères) contiennent des parchemins sur lesquels sont écrits les deux premiers paragraphes du Shema. Le Shema est récité au lever et au coucher, pendant certains offices et également, dans la mesure du possible, au moment de rendre son dernier souffle.
- Le Shabbat et les jours de fête, un Moussaf (supplément) est ajouté aux bénédictions et à l’ensemble de l’office afin d’évoquer les spécificités des ces jours.
- Des bénédictions sont récitées par les Juifs pratiquants à de nombreuses occasions : au lever et au coucher, avant et après les repas, à l’occasion d’un événement nouveau ou renouvelé chaque année (dégustation d’un primeur, premier jour d’une fête…).
- Il y a deux types de bénédictions :
- Celles qui remercient Dieu pour ses bienfaits et qui commencent par la formule « Béni sois-Tu YHWH, roi du Monde, qui… » (fait sortir le pain de la terre, crée le fruit de l’arbre, crée le fruit de le terre…)
- Celles qui remercient Dieu pour ses commandements et qui commencent par la formule « Béni sois-Tu YHWH, roi du Monde, qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonnés de… » (nous envelopper du talit (châle de prière), d’élever nos mains (les laver avant le repas), d’allumer les bougies de Shabbat…)
- Les femmes sont dispensées des commandements liés à un moment précis du temps, par exemple s’envelopper du talit (châle de prière) et porter les tephilin (phylactères) à l’office du matin des jours ordinaires. De la dispense, la tradition est passée à l’interdiction, ce que récusent des femmes des mouvements libéraux et « conservatives », mais aussi dans certains mouvements orthodoxes.
L’ensemble de ces prières et bénédictions rappelle au croyant que chaque geste, chaque instant de la vie atteste de la présence de Dieu, du lever au coucher, de la naissance à la mort.
Le cycle hebdomadaire :
Toute la semaine juive est tournée vers le Shabbat.
- Les jours de la semaine se nomment en hébreu avec leur nombre ordinal : jour premier (dimanche), jour deuxième (lundi), …, jour sixième (vendredi).
- Le vendredi soir se nomme movae Shabbat (arrivée du Shabbat) et le samedi soir motsae Shabbat (sortie du Shabbat). Il est d’usage de se souhaiter Shabbat chalom (Shabbat de paix) à partir du vendredi et Chavoua tov (Bonne semaine) le samedi soir, une fois le Shabbat terminé. Le dimanche est le premier jour de la semaine travaillé en Israël.
- Le point culminant de l’office du matin du lundi, du jeudi et du Shabbat est la lecture de la paracha (péricope, section hebdomadaire du texte de la Torah). La Torah est lue dans son intégralité, du premier verset de la Genèse au dernier verset du Deutéronome, semaine après semaine, à partir de la fin de la fête de Souccot. Chaque Shabbat correspond donc à une paracha, qui lui donne son nom. Par exemple, le deuxième Shabbat après Souccot se nomme Shabbat No’ah car on y lit la paracha qui raconte l’histoire de No’ah, Noé.
Qu’est-ce que le Shabbat ?
- Le Shabbat correspond à une sanctification du temps de la Création. Dans la conception juive, le Shabbat permet à l’être humain de s’emparer du temps dans un décompte de sept jours qui lui est propre et ne correspond à aucun cycle naturel (journée, mois lunaire, année solaire). Sans le Shabbat, le temps ne serait qu’un succession de jours anonymes, avec le Shabbat, le judaïsme lui donne un sens.
- Le récit de la Création dit que Dieu créa le monde en six jours et qu’au soir, Il cessa et bénit le septième jour (cf Genèse 2, 1-4). C’est ce modèle que va adapter le judaïsme, comme il est écrit au quatrième commandement du Décalogue : « Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l'Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s'est reposé le septième jour : C'est pourquoi l'Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié. » (Exode 20, 8-11). Responsable du monde créé par Dieu, l’être humain, qui poursuit l’œuvre de la Création, est délivré de son labeur une journée par semaine. L’étymologie de Shabbat – du verbe lacheveth, s’asseoir – en témoigne.
- La halakha (législation) va définir les travaux interdits comme étant ceux nécessaires à la construction du Tabernacle. Ensuite, seront ajoutés les dérivés. Par exemple, il est interdit d’allumer un feu, et par conséquent de créer toute forme d’énergie, y compris actuellement l’énergie électrique. Le but de ces interdictions est de permettre de se détacher des activités matérielles pour consacrer le temps du Shabbat à des activités spirituelles et familiales. Mais toutes les interdictions sont annulées en cas de pikoua’h nèfèch (attention portée à une âme), c’est-à-dire en cas de danger de vie ou de mort.
- Le Shabbat est comparé à une reine, qu’il convient d’accueillir avec honneur et dans la joie, que l’on nomme ‘onèg Shabbat (délice du Shabbat). C’est pourquoi, il est demandé de bien arranger sa maison et sa table, de bien se vêtir, de préparer trois repas de fête, d’y accueillir des amis, d’accompagner ces repas de chants. La nuit du Shabbat, les couples sont incités à avoir des relations intimes dans un plaisir partagé, remplissant ainsi un double commandement : procréer et se réjouir du Shabbat !
- Les activités spirituelles sont développées à l’occasion de l’office de qaballat Shabbat (réception du Shabbat) à la tombée de la nuit du vendredi et surtout pendant le long office du Shabbat matin au cours duquel la paracha, suivie du chapitre du livre des Prophètes qui lui est associé, sont psalmodiés en public. Il est courant de faire précéder cet office d’un moment d’étude.
- L’accueil du Shabbat est marqué à la maison par l’allumage par la mère de famille, avant la tombée de la nuit, de deux bougies. Ces deux bougies symbolisent deux commandements relatifs au Shabbat : chamor (observer) et zakhor (se souvenir), observer le Shabbat et se souvenir de la Création du monde (Dieu dans la nature) et de la Sortie d’Égypte (Dieu dans l’Histoire). Le père de famille prononce la bénédiction des enfants en apposant ses mains sur leur tête. Au retour de la synagogue, le repas familial commence par des bénédictions particulières sur le vin et le pain.
- Le Shabbat se conclut après la tombée de la nuit du samedi par une courte cérémonie familiale, la Havdalah (séparation) pendant laquelle les membres de la famille réunis autour d’une bougie tressée qui vient d’être allumée, et sera éteinte dans le surplus de vin qui déborde de la coupe, se passent de main en main une boîte à épices afin de respirer une dernière fois le parfum du Shabbat qui s’en va. Puis, c’est le retour aux activités profanes de la semaine.
Le cycle annuel :
De nombreuses fêtes ponctuent l’année juive. Le calendrier associe mois lunaires et cycle solaire. Ainsi, l’année lunaire étant plus courte que l’année solaire, un 13ème mois est ajouté 7 fois sur un cycle de 19 ans afin de garder des fêtes de saisons. Ceci explique le décalage qui existe d’une année sur l’autre avec le calendrier solaire. Par exemple, Roch ha-Chana tombe entre début et fin septembre, jamais plus tôt et jamais plus tard.
Le nom des mois du calendrier juif sont d’origine babylonienne. Il existe des prières particulières pour le roch ẖodech (début de mois), qui correspond à la néoménie, la nouvelle lune.
Les fêtes sont de plusieurs types :
Les convocations solennelles :
- Roch haChana (Tête de l’année, en septembre), appelé aussi Yom haDin (jour du jugement), célèbre l’anniversaire de la création d’Adam, jour zéro du calendrier juif. C’est l’entrée dans la période d’examen de conscience et de demande de pardon pour ses fautes et manquements, dont l’apogée est dix jours plus tard le jeûne de Yom Kippour. On se souhaite une bonne et douce année et surtout d’être inscrit dans le Livre de la vie. On y sonne du chofar (corne de bélier) en souvenir de la ligature d’Isaac au cours de laquelle un bélier prit la place du fils comme offrande sacrificielle. (Genèse 22, 1-18)
- Yom Kippour (Jour du recouvrement, en septembre-octobre). Les offices sont ponctués par les selihot (Pardons) et le viddouy (Confession collective), et conclus par la sonnerie du chofar. La demande de pardon à Dieu ne peut être sincère que si auparavant on a demandé directement pardon à ceux qu’on a blessés et offensés pendant l’année écoulée.
Les fêtes de pèlerinage et agricoles :
- Pessaẖ (Pâque, en mars-avril), appelé aussi H̱ag haAviv (Fête du printemps) et Zman H̱èroutènou (Temps de notre libération), célèbre à la fois la sortie d’Égypte et le printemps. Elle est caractérisée par un grand repas appelé Seder (ordre) pendant lequel, dans un ordre précis, on lit, chante et commente le récit de l’esclavage et de l’Exode et par la consommation de matsa (pain azyme) et d’un certain nombres de mets qui rappellent les travaux et la condition des esclaves (herbes amères, mélange de fruits qui symbolisent le mortier). Les enfants y ont une place importante puisque c’est le plus jeune qui posera les questions rituelles qui introduisent la cérémonie familiale autour de la table.
- Pessaẖ est suivie sept semaines plus tard par Chavouot (Semaines, la Pentecôte, en mai-juin), qui commémore à la fois le don de la Torah sur le mont Sinaï et les Prémices qui étaient apportées au Temple de Jérusalem. La nuit de Chavouot est consacrée à l’étude de la Torah.
- En automne, cinq jours après Yom Kippour, c’est Souccot (Cabanes, en septembre-octobre), semaine durant laquelle les Juifs mangent, étudient et dorment dans des cabanes, symboles de la fragilité de la condition humaine et souvenir de l’Exode. C’est également la fête des récoltes, c’est pourquoi les cabanes sont décorées de fruits et de légumes.
Les fêtes historiques et rabbiniques :
- H̱anoucca (Inauguration, en novembre-décembre) célèbre la victoire de Juda Macchabée sur les oppresseurs grecs païens par l’allumage de bougies une semaine durant. La ẖanoukkiya (chandelier à 9 branches) est placée à la fenêtre et on allume chaque soir avec des bénédictions et des chants une bougie supplémentaire, la neuvième bougie étant celle qui allume les huit autres.
- Pourim (Sorts, en février-mars) est l’occasion d’une journée de jeûne suivie par une journée de fête, en souvenir du courage de la reine Esther, qui sauva son peuple d’un massacre. La reine Esther ayant d’abord caché son identité, il est d’usage de se déguiser pour lire son histoire (Livre d’Esther, dans les Hagiographes) et également de couvrir la lecture du nom de Haman, l’oppresseur des Juifs, par toutes sortes de bruits (crécelles, sifflets,…). On y échange aussi des mets sucrés, dont les ozne Haman (oreilles d’Haman).
- Le jeûne de Ticha be-Av (9 du mois d’av, en juillet-août) rappelle la destruction du Temple. À Jérusalem, c’est devant le Mur Occidental que les fidèles se rassemblent pour prier, assis par terre en signe de deuil.
Les célébrations contemporaines.
La période qui suit Pessaẖ connaît deux jours importants :
- Yom haShoah (Jour de la Shoah, en avril-mai) commémore le souvenir de l’anéantissement des Juifs d’Europe.
- Yom ha‘Atsmaout (Jour de l’Indépendance, en avril-mai) célèbre le jour de l’indépendance de l’État d’Israël.
Il existe d’autres célébrations, comme le Nouvel An des arbres, fin janvier-début février, et des jeûnes mineurs.
Au rythme annuel, la Bible ajoutait tous les sept ans une année de chmita (abandon, relâche) ou année sabbatique. La terre d’Israël devait être laissée en jachère. La récolte de cette année-là était propriété de tous, riches ou pauvres, étrangers ou autochtones, le reste étant abandonné aux bêtes sauvages. L’année de chmita correspondait aussi à une remise de dettes et à la libération des esclaves hébreux.
La cinquantième année concluait un cycle de sept fois sept ans. Elle se nommait Chnat haYovel (année du Jubilée). Le yovel était le nom d’une corne sonnée pour annoncer cette année où la terre retrouvait ses propriétaires ancestraux. Le nom yovel a donné le mot jubilé.
Ces années rappelaient l’exigence de justice, de répartition équitable des richesses et l’idée que seul Dieu possède la terre. Le principe de chmita ne concerne que la terre d’Israël. Il est observé de nos jours dans les kibboutzim religieux. Les techniques d’agriculture moderne et la redistribution du fruit de ces récoltes à des œuvres de bienfaisance permettent de l’adapter aux conditions d’un pays moderne.
Le cycle de la vie :
Toutes les étapes de la vie sont marquées par des rites et des pratiques particulières
La naissance
- Huit jours après sa naissance, et s’il est en bonne santé, le garçon juif est circoncis. C’est sans doute la pratique la plus respectée par les Juifs, pratiquants ou non pratiquants. Son nom hébreu est brit-mila, (alliance de la circoncision), rappelle l’alliance conclue en Dieu et Abraham (Genèse 17, 9-14). Le bébé est posé sur les genoux de son sandaq (parrain), lequel est assis sur une chaise haute, parfois à deux places, appelée chaise du prophète Élie, invité symbolique de chaque circoncision qui, selon la tradition juive, doit annoncer la venue du Messie. Celui qui pratique l’opération, appelé mohel (péritomiste), doit être un juif pratiquant. C’est au cours de cette cérémonie que l’enfant reçoit son nom juif, toujours suivi du nom de son père (par exemple Yonathan ben Raphaël, Jonathan fils de Raphaël). Un homme incirconcis est appelé ‘arel, mot que l’on retrouve dans les expressions ‘arel lev (au cœur endurci), ‘arel regech (insensible) ou ‘arel oznayim (dur d’oreille). La ‘orla (prépuce) exprime alors l’incapacité à s’ouvrir aux autres. Ceci se retrouve dans l’injonction du prophète Yimeyah (Jérémie) de circoncire son cœur pour s’ouvrir à la parole de Dieu.
- Après la naissance d’une fille, la coutume veut que le père de famille reçoive l’honneur de « monter à la Torah » (pour la lire) au Shabbat qui suit. La bénédiction qu’il prononce est suivie par un Mazel tov (Félicitations !) de l’assemblée réunie. Les communautés « conservatives » et libérales ont choisi de développer davantage des cérémonies qui marquent l’arrivée de la petite fille comme la montée à la Torah des deux parents tenant leur bébé dans les bras.
- Le premier né masculin devait être consacré au service du Temple de Jérusalem. Mais comme ce sont les Cohen qui ont hérité de la prêtrise, les parents devaient aller au Temple procéder au Pidyon ha-Ben (Rachat du fils, appelé « rachat des premiers-nés »). Bien que le Temple soit maintenant détruit, la cérémonie peut avoir lieu en famille. L’enfant est alors présenté et symboliquement racheté à un homme d’une famille Cohen. Le rachat du premier né rappelle que le Maître de toute chose est Dieu à qui l’on consacrait également au Temple les prémices, ainsi que les premiers-nés des animaux purs.
Le mariage
- Dès sa naissance, il est souhaité à l’enfant de connaître ẖouppa ve-kiddouchim (dais nuptial et sanctifications). L’union d’Adam et Ève dès leur création montre l’importance accordée à la fois au couple dans toutes ses dimensions (spirituelles, physiques et familiales) et à la transmission de la vie.
- Le mariage à l’époque biblique se faisait en deux étapes :
- les fiançailles avec les shiddouẖim (arrangements) et les kiddouchim (bénédictions) ou eroussin (fiançailles)
- Quelques temps après, les nissouim (mariage), accompagnés de sept bénédictions en présence des deux témoins, se faisaient au moment où la kala (fiancée) allait vivre chez le ẖatan (fiancé).
- Dans les familles orthodoxes et surtout ultra-orthodoxes, il est encore courant de faire appel à un chadkhan (marieur) et de célébrer des fiançailles. Mais la liberté est laissée à la jeune fille d’accepter ou non celui qui lui est proposé.
- De nos jours, l’ensemble de la cérémonie a lieu le même jour. La cérémonie peut avoir lieu au domicile ou à la synagogue. En Israël, c’est souvent dans un jardin que l’on va dresser la ẖouppa (dais nuptial), élément indispensable qui symbolise le futur foyer.
- Après la bénédiction sur le vin et celle sur les eroussin (fiançailles), les fiancés boivent à la même coupe. Le ẖatan (fiancé) glisse l’anneau nuptial à l’index droit de la qala (fiancée) après avoir dit : « Par cet anneau, tu m’es consacrée par la loi de Moïse et d’Israël ». Chez les libéraux, l’échange est réciproque entre les fiancés.
- La Ketouba (acte écrit), signé précédemment par le marié et ses témoins (les deux mariés et leurs témoins chez les libéraux), est lue et les sept bénédictions sont chantées. À la fin de la cérémonie, le marié brise un verre avec son pied – souvenir du Temple détruit ou symbole d’une étape de la vie qui s’achève – et l’ensemble des convives crie Mazal tov ! (Félicitations !, mot-à-mot bonne constellation, bonne chance).
- Les jeunes mariés s’isolent alors pour le yiẖoud (isolement, intimité), qui symbolise la consommation du mariage. La cérémonie est suivie d’une fête joyeuse qui célèbre la naissance d’un nouveau couple, condition nécessaire à la transmission du judaïsme de génération en génération. Pendant la semaine qui suit le mariage, il est d’usage que le jeune couple soit invité pour les repas dans la famille ou chez des amis.
- Le divorce est autorisé dans le judaïsme. Sa forme primitive était la répudiation par le mari. Plus tard, le Talmud a renforcé les droits de l’épouse puisqu’elle peut demander le divorce, par exemple, si son mari la bat, refuse les relations conjugales ou les lui impose. Une taqqana (décret) de la fin du Xe siècle indique qu’un homme ne peut divorcer sans le consentement de sa femme. Malgré cette évolution, dans le judaïsme orthodoxe c’est le mari qui donne le guet (lettre de divorce) à sa femme, mais peut aussi le lui refuser. Le beth din (« maison du jugement », c’est-à-dire le tribunal rabbinique) peut exercer des pressions pour convaincre le mari, mais c’est à lui en dernier recours que revient la décision. Ces pratiques jugées archaïques ont convaincu les Juifs « conservatives » et libéraux d’accorder l’égalité des droits aux époux.
L’éducation des enfants
- Éduquer les enfants est un commandement majeur du judaïsme. À propos des lois et des paroles de la Torah, la prière du Shema, récitée quotidiennement, dit : « Tu les inculqueras à tes fils » (Deutéronome 6, 7). Le Talmud précise : « Cinq ans est l’âge de l’étude de la Bible ; dix, celui de la Michna ; treize, l’obligation d’observer les commandements ; quinze, celui de l’étude de la Guemara. » (Traité Avoth 5, 21), mais également : « Qui n’enseigne pas à son fils de métier lui enseigne à être un brigand » (Traité Quiddouchine 29a).
- La répartition des rôles entre le père et la mère et l’importance du foyer dans le culte juif donne à la femme une place importante dans la transmission du judaïsme. Comme dans toutes les sociétés contemporaines, ce schéma tend à être remis en question pour une autre répartition des rôles. Mais l’éducation et la transmission du judaïsme demeurent une préoccupation fondamentale des foyers juifs.
La mort
- L’immortalité de l’âme et le séjour des morts au Sheol préoccupent peu le judaïsme biblique. Les psaumes l’expriment ainsi : « Ce ne sont pas les morts qui loueront Dieu, ni ceux descendus au Silence ; Et nous bénissons Dieu, maintenant et à tout jamais, Hallelou-Yah (Louez Dieu) ! » (Psaume 15, 17-18)
- La question de la résurrection des morts, et par conséquent l’immortalité de l’âme, apparaît chez les pharisiens à l’époque du Second Temple.
- Les rites juifs visent à séparer ce qui est tahor (pur) et du domaine du vivant de ce qui est tame (impur) et du domaine de la mort. C’est la raison pour laquelle on recouvre le corps du défunt dès la mort constatée et celui-ci est enterré si possible le jour même. L’objectif est de se détourner des cultes mortuaires et de favoriser les cultes tournés vers la vie. Pour la même raison, les cimetières sont clos et situés en dehors des villes.
- Le respect dû au défunt prescrit d’allumer et placer une bougie, symbole de l’âme qui est sortie du corps, à sa tête, qu’il soit veillé jusqu’à son enterrement et que l’on récite les psaumes à son chevet. La toilette mortuaire est effectuée par les volontaires de la ẖevra qaddicha (confrérie sainte) pour que les proches n’aient pas à s’occuper du cadavre.
- Le mort est nu dans son linceul. Si cela est possible, il est enterré à même la terre. La cérémonie se passe directement au cimetière. Les enfants, qui ont fait une déchirure sur leur vêtement, récitent le kaddich, sanctification du nom de Dieu, prière récitée également plusieurs fois dans les offices quotidiens, et appelée souvent à tort « prière des morts ».
- Dès le retour du cimetière, la shiva (deuil de sept jours) est observée à la maison, où les miroirs sont couverts en signe d’humilité. Les endeuillés, déchaussés, peu de soin apporté à leur toilette, assis par terre ou sur des sièges bas, sont visités par leurs proches, qui n’échangent pas de salutations avec eux, mais leur prodiguent des paroles de réconfort, souvent les nourrissent et viennent au domicile réciter les prières quotidiennes. La shiva est interrompue en public pendant le Shabbat de façon à montrer que la vie et la joie doivent l’emporter sur la mort et le deuil.
- Un deuil moindre de trente jours fait suite à la shiva. Le deuil est encore amoindri jusqu’à la fin de la première année.
- À la date anniversaire de la mort des parents, les enfants récitent le kaddich à la synagogue et allument une bougie de souvenir qui brûle toute la journée.
- Il est d’usage courant d’honorer la mémoire d’un défunt par un acte de générosité envers une institution caritative, un don à une école ou un hôpital, la plantation d’arbres en Israël. Tous ces gestes visent à faire vivre le souvenir des morts par des actes de vie.
- Cette attention à la vie est si forte dans le judaïsme que même lorsqu’on lève son verre pour trinquer, on dit le-H̱ayim ! (À la vie !)
Introduction aux religions - Judaïsme II: Thèmes
4. Les principaux rites et pratiques
Dès les premiers versets de la Bible, la Création du monde fonde une organisation du temps : six jours de travail et un jour de repos, qui est la base des rites et pratiques juives. C’est pourquoi le rabbin et théologien Abraham Joshua Heschel (Varsovie 1907 – New-York 1972) désigna les Juifs les « bâtisseurs du temps », nom qu’il donna à un de ses ouvrages.
Juif sonnant du chofar
Le chofar est une corne de bélier. Elle est utilisée dans certaines fêtes juives.
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(27/02/2015)
Bernard Picart, Juifs sépharades célébrant Souccot (1728)
La fête de Souccot (fête des cabanes) se déroule cinq jours après Yom Kippour. Elle est l’occasion de rappeler l’Exode mais aussi de célébrer les récoltes.
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(27/02/2015)
Ketouba de l’année 5671 (1911)
La Ketouba est un document juridique qui garantit les droits de l’épouse. Ce document lui est remis le jour du mariage. La Ketouba a remplacée, à l’époque du Second Temple, le versement du mohar (dot) du père du fiancé à celui de la fiancée. Le texte de la Ketouba a été fixé par le Talmud, dans le but « qu’il ne soit pas aisé au mari de répudier sa femme » (Traité Yebamot 89a). La répudiation n’existant plus dans le judaïsme, les communautés libérales ont fait évoluer le texte de la Ketouba dans un sens plus égalitaire. La Ketouba est importante de nos jours pour certifier la validité du mariage religieux des parents et la judéité des enfants. La Ketouba elle-même est très souvent richement décorée et enluminée.
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(27/02/2015)
Moritz Daniel Oppenheim, "Le mariage"
Cette peinture représente un mariage juif dans l’Allemagne du XIXe siècle.
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(27/02/2015)