D’où vient le nom terre d’Israël ?
La Bible relate le combat du patriarche Jacob (petit-fils d’Abraham et Sarah, fils d’Isaac et Rébecca) avec un ange. À l’issue de ce combat, l’ange dit à Jacob : « Ton nom ne sera plus Ya’acov (Jacob) mais Israël (Israël), car tu as affronté (sarita) Dieu et des hommes et tu as pu. » (Genèse 32, 29). Israël signifierait donc « lutteur de Dieu ».
C’est la raison pour laquelle ses descendants, les Hébreux, puis les Juifs, sont appelés dans la Bible Bne Israël (Enfants d’Israël ou Israélites), partagés en 12 Shivte Israël (tribus d’Israël), habitant la terre entre la Méditerranée et le Jourdain nommée Erets Israël (terre d’Israël), à ne pas confondre avec le pays créé en 1948 qui porte le nom de Medinat Israël (État d’Israël).
La terre d’Israël, regroupe plusieurs régions comme la Judée, la Samarie, la Galilée et la plaine côtière du Saron.
Erets Israël correspond au territoire que les Romains baptisèrent Palaestina (Palestine), après la défaite de la révolte juive en 135 ap. J.-C. Les Arabes conquirent la région dans les années 630 ap. J.-C. et conservèrent ce nom sous sa forme arabe, Filastîne.
Le terme Palestine correspond donc à ce que les Juifs nomment terre d’Israël. Deux noms pour un même territoire.
Israélites et Judéens
Le royaume de Salomon connu un schisme après sa mort (931 av. J.-C.) :
- 10 tribus du Nord constituèrent le royaume d’Israël, détruit par le roi de Babylonie Salmanazar V en 722 av. J.-C., dont les populations furent soit dispersées, soit trouvèrent refuge dans le royaume de Judée. Cette dispersion est à l’origine du mythe des 10 tribus perdues d’Israël.
- 2 tribus du Sud formèrent le royaume de Judée. Une fois ce royaume tombé aux mains des Babyloniens et le premier Temple détruit (586 av. J.-C.), son élite fut déportée à Babylone. On ne parla plus alors des ‘Ivrim, Hébreux, mais des Yehoudim, Judéens, qui se dit Ioudaíoi en grec, Iudaei en latin, devenu Juif en français.
Israélite, Juif, Israélien ?
- Israélite fait référence à la période biblique. Le terme réapparaît en français au 19ème siècle, à l’époque où les Juifs devenus citoyens cherchent à s’assimiler et se fondre le plus possible dans la société européenne. Israélite paraît alors moins marqué que Juif.
- Juif désigne le membre du peuple qui descend des Judéens et se reconnaît dans la pratique du judaïsme et/ou dans son attachement à la culture juive. Le terme Juif ne désigne donc pas forcément une personne attachée à la pratique du judaïsme, mais peu nommer quelqu’un qui se sent juif par la culture, l’histoire ou tout simplement un lien familial. Il est évident que depuis des siècles, les Juifs comptent en leur sein des convertis et des descendants de convertis au judaïsme, dont les ancêtres n’étaient pas des Judéens.
- Israélien désigne le citoyen de l’État d’Israël. Environ 20% des Israéliens ne sont pas juifs, mais sont des Arabes palestiniens, majoritairement musulmans, mais aussi chrétiens. Les Juifs de la Diaspora peuvent bénéficier le la loi du Retour et devenir automatiquement israéliens en venant s’installer dans le pays. Mais il est aussi possible de devenir israélien par naturalisation.
Comment dit-on Diaspora en hébreu ?
Il existe deux termes :
- Gola ou Galout, exil, exprime la nostalgie de la terre d’Israël et la situation de minoritaire des Juifs dans leur pays de résidence.
- Ha-Tfoutsot, les dispersions, correspond au sens du grec diaspora et décrit la situation du peuple juif par rapport à un point central, la terre d’Israël.
L’espoir d’un retour vers la terre d’Israël se nomme à partir du XIXe siècle kibbouts galouyot, rassemblement des exils.
Histoire de la Diaspora
La première Diaspora date de 587 av. J.-C., au moment de la déportation des élites judéennes en Babylonie. Avec le rétablissement de la souveraineté juive en Judée, une partie des Juifs retourne en terre d’Israël, une autre se maintient en Babylonie. Les Juifs de Babylonie eurent une influence considérable sur le judaïsme, notamment avec la mise par écrit du Talmud de Babylone aux premiers siècles de l’ère commune. La communauté juive des rives du Tigre et de l’Euphrate se maintint jusqu’aux années 1950 où plus de 100 000 Juifs irakiens ont rejoint l’État d’Israël.
Pendant l’Antiquité, de nombreux Juifs s’installent tout autour de la Méditerranée et créent des communautés importantes, notamment à Alexandrie ou à Éléphantine en Égypte, en Grèce et en Asie Mineure, ou encore à Rome.
Avec la destruction du Temple de Jérusalem par les armées de Titus (70 ap. J.-C.), puis avec la défaite de la révolte juive en Judée (135 ap. J.-C.), la grande majorité des Juifs quittent la terre d’Israël et s’installent dans l’ensemble de l’empire romain. C’est le début des grandes communautés d’Espagne, de France, de la vallée du Rhin et du Maghreb.
La montée de l’intolérance religieuse dans l’Europe chrétienne fit subir aux Juifs des expulsions successives : d’Angleterre et du pays de Galles en 1290, de France à plusieurs reprises entre 1182 et 1394, du Saint-Empire entre 1348 et 1551, d’Espagne en 1492 et du Portugal en 1497. Les pays d’accueil furent alors la Pologne, les Pays-Bas, le Maghreb et l’Empire Ottoman.
D’un autre côté, des communautés juives issues de Babylonie essaimèrent le long de la route de la soie et des routes commerciales pour s’établir en Asie Centrale, en Chine (Kaïfeng) ou en Inde (Calcutta, Bombay ou Cochin).
Après l’établissement des colonies européennes en Amérique, des communautés s’installèrent du Nord au Sud du continent. D’autres Juifs, moins nombreux, quittèrent l’Europe pour l’Australie ou l’Afrique du Sud.
Quelles que soient les époques, des caractéristiques demeurèrent :
- Maintien d’une structure religieuse commune avec des coutumes – liturgiques, culinaires, vestimentaires – propres à chaque communauté.
- Maintien du lien entre les différentes communautés à travers des échanges culturels et économiques.
- Accueil des Juifs persécutés.
- Échanges culturels et économiques avec la population locale, allant parfois jusqu’à la conversion, ou l’assimilation à partir du XIXe siècle.
- Souvent, usage d’une langue vernaculaire particulière, mélange de langue locale agrémentée de mots d’hébreu. Les plus connues sont le yiddish (judéo-allemand) parlé jusqu’à la Seconde Guerre mondiale dans l’ensemble du monde juif est-européen, le djudezmo (judéo-espagnol), parlé par les descendants des Juifs d’Espagne expulsés en 1492, et le judéo-arabe des communautés juives du Maghreb. Mais il y eut aussi, entre autres, le judéo-provençal, le judéo-alsacien, le yévanique (judéo-grec) ou le judéo-perse. Ces langues sont toujours écrites avec l’alphabet hébreu.
- Maintien de l’hébreu comme langue liturgique et d’échange épistolaire.
Situation actuelle
La Shoah et la création de l’État d’Israël ont totalement modifié la répartition des Juifs dans le monde et le rapport entre la Diaspora et la terre d’Israël.
À la fin des années 1930, sur une population mondiale estimée à 17 millions de Juifs :
- 9,5 millions vivent en Europe
- 4,4 millions vivent aux États-Unis
- 850 000 vivent dans le monde arabe
- 450 000 vivent en Palestine mandataire
Au début du XXe siècle, sur une population mondiale estimée à 13,5 millions de Juifs :
- 5,9 millions vivent en Israël
- 4,5 millions vivent aux États-Unis
- 1,4 millions vivent en Europe
- 4 000 vivent dans le monde arabe
La loi du retour
La Knesset (Parlement israélien) a voté le 5 juillet 1950 la loi du retour, qui permet à tout Juif d’immigrer légalement en Israël et d’obtenir automatiquement la citoyenneté israélienne, ainsi que son conjoint et ses enfants, même s’ils ne sont pas juifs, y compris depuis le 12 août 2014 son conjoint de même sexe.
La loi du retour concrétise la volonté que l’État d’Israël devienne le foyer national de tout Juif qui le désire ou est en danger et illustre la centralité de la terre d’Israël dans l’histoire, la culture et la religion juives.
L’immigration d’un Juif en Israël s’appelle en hébreu la ‘alya (montée) et son émigration hors d’Israël la yerida (descente).